Où en est « le réveil arabe » (I) ? |
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Written by Alain Gresh |
Saturday, 10 September 2011 11:46 |
lundi 5 septembre 2011 Alors que l’automne commence dans quelques jours, alors que la chute du régime de Ben Ali date d’environ huit mois, où en est « le réveil arabe » ? Une nouvelle fois, la question est posée par différents observateurs, mais aussi par des acteurs : les révolutions arabes sont-elles finies ? La première remarque importante est que le mouvement ne s’est pas arrêté, malgré une terrible répression — en premier lieu en Syrie —, malgré les tentatives de retour en arrière et l’organisation au niveau régional (et international) d’une « contre-révolution ». Nous nous limiterons dans cet envoi aux trois pays dont le régime est tombé : Tunisie, Egypte et Libye, et reviendrons ultérieurement sur les autres (Syrie, Yémen, Bahreïn, etc.) ainsi que sur les dimensions régionales. Le mouvement se poursuit là où les régimes ont chuté, d’abord en Tunisie et en Egypte. Dans ce premier pays (éclaireur de ces révolutions), les élections auront lieu le 23 octobre pour désigner une assemblée constituante. Plus de 50% des électeurs potentiels (dont 45% de femmes) se sont inscrits volontairement sur les listes électorales — mais le reste pourra voter sur présentation de sa carte d’identité. Ce résultat est d’autant plus remarquable, que l’Instance supérieur pour la préparation des élections (ISIE) avait décidé de se passer des services du ministère de l’intérieur. Les listes sont en préparation, et elles devront assurer, pour la première fois dans le monde, une parité totale. La campagne aura lieu entre le 1er et le 22 octobre, et toute publicité politique sera interdite à partir du 11 septembre. La situation est encore loin d’être stabilisée. Des heurts avaient éclaté le 15 août lors d’une manifestation de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) contre le gouvernement (« Manifestations et heurts avec la police en Tunisie », lemonde.fr, 15 août) et de nombreuses émeutes ont eu lieu à différents moments, la dernière en date s’étant déroulée dans le sud (« Couvre-feu dans le sud de la Tunisie après des heurts entre jeunes », lemonde.fr, 2 septembre). Cette agitation s’explique à la fois par les difficultés économiques et sociales, alors même que le gouvernement peine à définir une politique cohérente ; et aussi par le poids de la guerre de Libye, avec l’accueil de centaines de milliers de réfugiés libyens et alors que bon nombre de travailleurs tunisiens ont quitté ce pays. Sans parler de la baisse du tourisme qui affecte un secteur vital. La stabilisation (possible ?) de la Libye, la reprise du tourisme depuis le mois d’août et surtout les discussions autour d’une vraie politique de développement et la prochaine mise en place d’un gouvernement légitime sont autant d’éléments d’espoir. Deuxième pays concerné, le plus important par son nombre d’habitants, le plus stratégique aussi, l’Egypte. Beaucoup s’inquiètent, à juste titre, du rôle que continue à jouer le Conseil suprême des forces armées (CSFA), des arrestations de militants, de la poursuite de la torture. Toutefois, il faut mettre en valeur les avancées : le CSFA ne voulait pas arrêter, et encore moins juger, Hosni Moubarak et sa famille, mais il a été contraint de le faire ; après avoir dissous le Parti national démocratique (PND), il a aussi été contraint de mettre sous tutelle le syndicat unique et on a assisté à un développement important de syndicats indépendants et de mouvements sociaux (malgré l’interdiction des grèves que le CSFA n’arrive pas à faire appliquer). Petit à petit, dans les institutions – universités, hôpitaux, etc. – se mettent en place de nouvelles directions, souvent élues par les employés. Plusieurs entreprises privatisées dans des conditions douteuses sont dans le collimateur de la justice. Plus important, les mobilisations se poursuivent à tous les niveaux et rien n’indique qu’elles vont cesser demain. Si le processus électoral a pris du retard, de nombreux partis ont été légalisés et ont commencé à s’organiser. On assiste à une fragmentation de la scène politique (pas seulement parmi les forces dites « laïques » mais aussi chez les islamistes) et il est difficile de savoir qui pourra l’emporter lors des élections qui devraient avoir lieu d’ici la fin de l’année. Troisième cas, la Libye, le plus complet car la chute du régime doit beaucoup à l’intervention des forces de l’OTAN et l’on peut craindre une mise sous tutelle du pays. Pourtant, malgré l’influence incontestable qu’ont gagnée la France et les Etats-Unis dans cette opération, il est bien trop tôt pour annoncer une telle hégémonie occidentale. Pour plusieurs raisons :
Je reprendrai plus tard sur les autres pays, mais il faut insister sur l’incroyable hypocrisie des Etats-Unis et de la France en ce qui concerne la Libye :
commentaires sur « Où en est “le réveil arabe” (I) ?Orangerouge : PETITION POUR LA RECONNAISSANCE DE L’ETAT PALESTINIEN PAR L’ONU : PETITION POUR LA RECONNAISSANCE DE L’ETAT PALESTINIEN PAR L’ONU : L’ENJEU EST QUE LES PALESTINIENS PUISSENT PORTER PLAINTE DEVANT LE TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL. http://www.france-palestine.org/art... Sarkozy, Obama et l’Union Européenne s’efforcent de faire échouer cette reconnaissance pour éviter que la Justice Internationale n’intervienne au Moyen-Orient. La reconnaissance d’un Etat palestinien et son intégration à l’ONU donne le droit au ICC/TIP de juger des affaires concernant la Palestine. Des câbles wikileaks montrent que cela est une des objections majeures de l’Etat d’Israël d’une telle reconnaissance : Extrait, publié par Wikileaks, d’un Câble de l’ambassade américaine à Tel Aviv envoyé au Département d’état américain à Washington : "Libman [juriste israélien de l’IDF] noted that the ICC [TIP] was the most dangerous issue for Israel and wondered whether the U.S. could simply state publicly its position that the ICC has no jurisdiction over Israel regarding the Gaza operation" (point 5) Le texte intégral du câble : Israël, avec son respect des Droits de l’Homme, et du Droit en général, bien connu, a déjà exercé ses menaces : Un éventuel dépôt de plainte devant le TIP par un Etat palestinien serait considéré comme un "acte de guerre" par les Israéliens. Salem L : Ces révoltes ne prendront pas fin aussi longtemps que dureront les régnes de ces despotes car un retour en arrière n’est plus possibble après les mers de sang. Il faut juste ne pas perdre de vue : Le vide que ces tyrans ont fait autour d’eux et le passage d’une situation de non liberté à une situation de pleine liberté. http://blog.mondediplo.net/2011-09-05-Ou-en-est-le-reveil-arabe-I
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